Où t’es, papa où t’es ? Alzheimer, foutue maladie !

« Tu as toujours ton père sois heureuse !  » me rétorque t-on parfois. Oui, j’ai toujours mon père physiquement mais je l’ai perdu mentalement il y a déjà bien longtemps.

L’Alzheimer, cette maladie que l’on pense ne pas pouvoir nous atteindre et pourtant, nous tue à petit feu. C’est une voiture qui perd un peu plus chaque jours de sa carrosserie, ce qui l’empêche à un moment donné, d’avancer.

« Tu habites où ? » Tu fais quoi dans la vie ? » me demande mon père depuis plusieurs années. Même plusieurs fois en quelques heures.

L’Alzheimer, c’est une maladie incurable du tissu cérébrale qui entraîne la perte progressive et irréversible de la mémoire. Il y a apparemment 7 stades et mon père en est au 5eme. Et je trouve ça tellement triste de parler de stade car cela indique un date d’échéance ….

Nous, qui subissons cette maladie au quotidien, avons aussi « nos stades ». Pour ma part, il y a eu le déni, la tristesse, la peur, la colère, la souffrance, le pardon.

Le déni, car ce n’est pas possible. Non, pas mon père, pas cette putain de maladie. La tristesse, de devoir accepter que tous nos souvenirs seront envolés. La peur, de ne pas le supporter, de ne pas savoir gérer. La colère car pourquoi les choses ne seraient-elles pas plus simples ? La souffrance, de constater que l’état se dégrade. Et le pardon et j’aimerai dire l’acceptation, mais non on ne l’accepte jamais. C’est trop dur et trop lourd à accepter mais on fait avec.

Ça veut dire papa que nos souvenirs sont envolés à jamais ?

Que tu ne te souviendra pas de mon adolescence, de ma vingtaine, de ma trentaine ? Que toutes nos anecdotes sont parties en fumée ? Que ce qui nous liaient est en train de se rompre ?

« Oui ma fille, je ne sais plus qui je suis, mais je sais qui j’étais car je me rappelle de mon enfance, de ta naissance et ton adolescence. Une partie de moi est partie, quelque part mais on se retrouvera et on revivra toutes ces années perdues par cette maladie qui me ronge un peu plus chaque jour. Mais ce qui est sûr, c’est que je sais encore aujourd’hui que je t’aime à jamais « 

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