J’ai reçu de votre part tellement de mots magiques par rapport à mon père. Je vous remercie tellement de votre soutien et de votre bienveillance. C’est effectivement un passage difficile que je dois traverser depuis pas mal d’années. C’est un deuil que j’effectue au quotidien alors qu’il est là et que ça paraît fou de parler de lui comme s’il n’était plus là. Je me suis empêchée pendant des années de me plaindre car j’ai encore mon père et je sais que certains ont perdu leurs parents. Je me sentais chanceuse et honteuse de dire quoi que ce soit à propos de ce sujet et à côté de vous (certains) qui avez perdu un/vos parents.
J’ai eu des passages très durs où je me suis sentie orpheline. Tout s’est accéléré pendant la Covid-19, le confinement, car il ne pouvait plus sortir. Je ne saurais comment mettre des mots dessus mais avoir son père qui n’a aucune empathie, aucun soutien, aucune affection et qui ne me reconnait plus à cause de la maladie c’est parfois difficile à accepter, ça fait pourtant presque 6 ans, on ne s’y fait jamais vraiment.
L’acceptation à été le passage le plus dur pour moi. J’y ai travaillé. Je rêvais de lui il y a quelques années la tête décapitée avec un sourire en coin…Des cauchemars qui ont eu une vraie signification sur le deuil que j’étais en train de vivre. Tout nos souvenirs étaient lointains, le père que j’ai eu, que j’ai connu.
Aujourd’hui je suis plus sereine car nous avons mis des mots/maux sur cette maladie de « démence fronto-temporale ». Il est dans un autre monde depuis quelque temps où il s’y sent bien. C’est l’essentiel pour moi.
Il est actuellement à l’hôpital pour une durée de 3 semaines, il sera placé dans un EHPAD spécialisé à sa sortie. Je remercie les aides-soignants, les médecins pour leur explication, leur patience, et leur compréhension. Je me rends compte qu’il n’y a que dans ce milieu, entouré d’aide, qui sera le mieux. Le regard des autres est difficilement acceptable, les maladies mentales sont si peu comprises, les gens en ont peur.
Aujourd’hui je me sens alignée avec moi-même dans ce que je vis. Après des années de travail intérieur, j’ai le recul et la force nécessaire. Je ne l’aurais pas eu il y a plusieurs années. Je prends tout ça pour un signe pour avancer, pour être plus forte un peu plus chaque jour. Nous sommes plus que jamais soudées avec ma mère et ma sœur, handicapée mentale. L’amour est plus fort que tout. Ce sont des expériences de vie, il faut les accepter comme telles et j’espère vous montrer au quotidien que l’on se fait à tout. L’Être humain est magique, il s’adapte avec le temps à chaque situation.
Je vous embrasse❤
La mémoire des mots se perd, pas celles des émotions
Amin Maalouf-Les désorientés
